Justin Ducret : « Un mental de jeune »
Justin Ducret a décroché son "plus beau succès" dimanche dernier sur le Grand Prix de Nogent-sur-Oise (voir classement). À 26 ans, le coureur du SCO Dijon-Team Materiel-velo.com s'est imposé au nez et à la barbe d'équipes réserves professionnelles. "C’est plaisant de gagner sur une Classe 2. Je suis conscient de mes capacités au sprint, j’avais confiance en mes coéquipiers, il fallait juste faire ce qu’on sait faire. Je ne pensais pas être capable de gagner des courses face à des pros alors pouvoir le faire, c'est vraiment super". Une victoire au sentiment de revanche pour celui qui avait été piégé l’an passé sur Paris-Chalette-Vierzon par une réserve professionnelle. "Je m’étais fait avoir par un coureur de la Conti FDJ (Lewis Bower, NDLR), je ne voulais pas revivre la même chose alors j’ai tout donné, j’ai fait confiance à mon équipe, à mon train".
Pourtant au départ, la stratégie d’équipe n’envisageait pas une arrivée groupée. "Il n’y avait pas de leadership dans l’équipe, c’était assez ouvert car on ne savait pas comment ça allait se courir. Ici, ça arrive très rarement au sprint donc on partait du fait que la course allait se faire dans les parties difficiles. On avait des coureurs capables de gagner dans tous types de scénarios, chacun avait sa carte à jouer. Quand on a vu que ça allait être au sprint, on ne s'est pas trop posé la question car j’étais en très bonne condition”. Un choix fait au fur et à mesure d’une course courue "à la professionnelle. Le début de course était très agité mais une fois trois gars partis, les Conti de Groupama-FDJ et de Arkéa-B&B Hôtels ont contrôlé la course pendant 120 km". Un poids de la course laissé aux grosses armadas pros, simple principe commun. "On se met naturellement derrière eux, alors qu’en soi il n’y a pas de raison. On n'a pas envie d’aller frotter pour ne pas les embêter alors qu’on a le même niveau. On frotte plus entre N1 derrière qu’avec eux".
« SI J'AVAIS 21 ANS »
Après s'être endormi dans le sillage des réserves, la course s’est de nouveau emballée dans le final. "Une fois l’échappée reprise à deux tours de l’arrivée, ça a commencé à rouler fort, courir en mode amateur avec des attaques sans cesse. Les équipes pros se sont fait un peu piéger même si la FDJ a réussi à reprendre le contrôle pour revenir à trois bornes de l’arrivée". Pour un emballage final que l’équipe dijonnaise a négocié à la perfection. "On a pris la barre aux deux bornes avec Julian Burnet, puis Farley Barber s’est occupé du dernier kilomètre. On a vraiment fait un train pour étirer le peloton avant qu'Alfred George me dépose aux 300 mètres, en bas de la cuvette. J’ai lancé mon sprint, j’ai pris trois vélos d’avance et ils ne sont jamais revenus sur moi". Dominateur, il a même eu le temps de légèrement se relever dans les derniers mètres. "Mais je n’ai pas levé les bras car j’ai toujours peur de voir quelqu’un me rattraper. C’est une victoire collective".
Avec ce sixième succès de la saison (voir fiche DirectVelo), Justin Ducret prétend encore à rejoindre l’échelon professionnel. "J’espère que cette victoire va pouvoir me faire passer ce petit cap vis-à-vis des équipes pros qui vont voir que j’ai pu gagner une Classe 2. Ce n’est pas une Classe 1 mais ça permet d’exister et c’est ce qu’il me manquait cette saison car j’avais déjà gagné sur tous les terrains". Une nouvelle victoire qui récompense une année de polyvalence. "Pendant la saison, j’ai vraiment voulu exister sur tous les terrains, jouer quelques classements généraux, et pas seulement les sprints. J’ai passé un cap surtout dans les bosses, je les passe plus facilement". Mais son âge semble faire barrière. "Si j’avais 21 ans et que j'avais gagné cette Classe 2, je serais en WorldTour. Mais là, je suis trop vieux. C’est un peu dommage, les managers regardent plus l’âge que le palmarès. Je sais que je ne suis pas fini dans le vélo, j’ai un mental de jeune, je commence seulement à exister. Je suis loin d’avoir atteint mes capacités maximales, chaque année j’améliore mes records dans tous les domaines. Je suis loin d’être à mon pic de forme". Affaire à suivre.