Circuit Paul-Ricard : les petits bolides veulent revenir
Ce jeudi, les coureurs du Tour La Provence ont pu se frotter au circuit automobile Paul-Ricard, qui accueillera le Grand Prix de France de Formule 1 le 24 juin prochain, au Castellet (Var). L’exercice du jour : un contre-la-montre individuel de 5,8 kilomètres, soit un tour de circuit, avec départ depuis la zone habituellement réservée aux écuries, les stands. “C’est génial, j’ai trouvé ça super ! Courir sur un circuit automobile ne nous arrive pas souvent”, se réjouit Christophe Laporte (Cofidis), finalement 3e de ce prologue, auprès de DirectVelo. “C’est impressionnant : tu es tout seul sur le circuit et la route est grande alors du coup, ça fait un peu bizarre. Mais ça change des circuits traditionnels. C’est vraiment cool, je suis content de faire ça”, sourit Camille Thominet, le néo-pro de St-Michel-Auber 93. Même son de cloche pour Dorian Godon, dans le paddock de la Cofidis. “Être sur un circuit mythique, c’est top. C’est l’un des plus beaux chronos que j’ai eu l’occasion de faire”.
DES ROUTES INTERMINABLES ?
Visiblement, une majorité de coureurs a apprécié. Mais il a tout de même fallu lutter face des éléments bien particuliers. “J’ai pris beaucoup de plaisir. C’était très original mais un peu spécial. J’ai fait une sortie de piste au bout d’un kilomètre. C’était difficile d’avoir des repères : j’ai voulu passer aux prolongateurs mais ça ne passait pas…“, explique Tony Gallopin, le récent lauréat de l’Etoile de Bessèges. 4e de ce prologue, le coureur d’AG2R La Mondiale a manqué de repères. Maxime Bouet explique : “C’est très particulier car c’est court mais ça parait long sur le vélo : c’est une succession de grandes lignes droites, hyper larges”. Le Provençal de Fortuneo-Samsic avait le sentiment de ne pas avancer sur sa machine. “J’avais déjà couru sur des circuits en Espagne ou en Californie et j’ai toujours eu ce même sentiment. T’as une ligne droite de 500m mais tu as l’impression que tu n’arriveras jamais au bout. Tu as cet aspect visuel et en plus, tu as l’impression d’être toujours en faux-plat montant. J’étais au milieu de cette ligne droite à 2% de dénivelé sur une route de 10m de large, le couché de soleil, la couleur provençale… Ca faisait petite traversée du désert !”.
Entre les routes larges, l’absence de repères, le vent et les faux-plats interminables, comment s’en sortir ? Sylvain Chavanel a son idée sur la question : “C’est le désavantage d’un circuit automobile, c’est vrai. J’ai déjà roulé sur d’autres circuits automobiles, à la Vuelta ou à Paris-Nice à Magny-Cours. Là j’ai découvert Paul Ricard, un circuit magnifique. En fait, tu peux avoir l’impression de ne pas avancer mais quand tu regardes tes Watts et ton compteur, tu vois que ça défile. Tu es à 52-53 km/h… Le fait d’être collé, ce n’est qu’une impression ! Il ne faut pas tomber dans l’aspect psychologique et ne pas se déconcentrer par cet aspect-là”, analyse l’expérimenté et solide rouleur du Team Direct Energie.
DES VIRAGES DIFFICILES À NÉGOCIER
Si certains avaient le sentiment d’être collés, c’était donc à cause de ces routes très larges, mais aussi de par qualité de la chaussée, que certains ont qualifié de collante. “Ca accroche vraiment, un peu comme quand tu as un goudron neuf, limite granulé. Ca fait la même sensation. Je pensais que ça roulerait plus vite”, ajoute Maxime Bouet. Les routes larges obligent également à prendre de bonnes trajectoires, plus encore qu’à l’accoutumée. “Sinon, tu perds vraiment du temps”, ajoute Christophe Laporte.
Et ces longs virages adaptés aux grandes vitesses automobiles, alors ? Tony Gallopin a donc pris trop large dans l’un des premiers virages, pendant que Dorian Godon se battait pour garder un rythme élevé. “Il y a des virages en dévers en plus, même si on ne s’en rend pas compte. C’était dur de relancer après une chicane”. Comme beaucoup malgré tout, le coureur de 21 ans en redemande. “C’est marrant, il n’y a pas de voitures, ce n’est pas dangereux. A refaire !”. Le message est passé.