La folle journée de Simon Pellaud

Crédit photo Christian Cosserat - DirectVelo

Crédit photo Christian Cosserat - DirectVelo

Simon Pellaud a cassé sa fourche avant de chuter juste après la ligne d'arrivée sur le Tour du Doubs ce dimanche (voir vidéo). Il a malgré tout réussi à finir 5e (voir classement). Le Suisse a failli également être renversé par une voiture pendant la course, s'est trompé de route au sommet de la côte du Larmont, puis a attendu les premiers coureurs. Lauréat du prix de la combativité, le sociétaire de IAM-Excelsior revient pour DirectVelo sur sa folle journée.

DirectVelo : Tu as cassé ta fourche et tu es tombé juste après la ligne d'arrivée !
Simon Pellaud : Dans la descente, j'ai senti qu'il y avait quelque chose de bizarre avec mon vélo. J'ai pensé que c'était mon cintre qui était un peu descendu. Je ne me suis pas trop inquiété. J'étais dans la roue de Gesbert jusqu'à 200 mètres de la ligne. J'ai lancé mon sprint. Ma fourche a lâché. Je me suis retrouvé avec mon cintre dans les mains, je n'ai rien pu faire. Je me suis dit que j'allais arriver à finir 2e. J'ai redonné deux coups de pédale, mais Franck Bonnamour est passé à gauche et deux autres coureurs m'ont doublé. J'ai chute sur la ligne.

« JE NE VOULAIS PAS FAIRE UN SCANDALE AVEC LE JURY »

Tu as été en contre à une quarantaine de kilomètres de l'arrivée...
Je pense que j'ai fait une petite erreur à un peu plus de 50 kilomètres de l'arrivée, au sommet du long GPM. Je suis allé chercher un bidon, j'ai perdu pas mal de positions. C'est là où le groupe avec Stefan Küng est sorti. J'aurais vraiment bien aimé y être. J'ai contré avec Natnaël Berhane. On n'a pas réussi à rentrer, on est resté en chasse-patate. On a plafonné à 10-15 secondes. J'étais vraiment énervé contre moi-même. De plus, j'ai fait un effort qui allait certainement me coûter sur le final. Fabian Lienhard était là, il a eu de bons mots avec moi. Il savait que ça n'allait pas le faire pour lui. Il m'a bien replacé au pied du Larmont. C'est monté vite. Je ne suis pas un pur grimpeur, mais j'ai suivi l'accélération de Guillaume Martin ainsi que celle de David Gaudu. Je me suis accroché. On est rentré avec Lilian Calmejane sur le sommet. J'ai respiré un coup quand on est rentré. Puis, j'ai mis l'attaque avec Stefan Küng...

Puis, tu t'es trompé de route au sommet du Col du Larmont...
On est sorti avec Stefan Küng au sommet. C'était archi-chaotique. Il y a eu une erreur d'aiguillage au sommet. La veille, on avait effectué la reconnaissance, on avait fait la même erreur. Les autres coureurs ont fait demi-tour. Mais moi je savais que si on continuait tout droit, ça allait rejoindre le parcours quelques mètres après. J'ai continué, personne ne m'a suivi. Je savais que je n'avais qu'à attendre. Même si c'est la moto devant qui a fait l'erreur, je n'allais pas partir seul pour aller la gagner. J'avais un bon écart, j'aurais pu y aller, mais je ne voulais pas faire un scandale avec le jury après. Je suis descendu tranquillement pendant un ou deux kilomètres en attendant que ça rentre derrière.

Tu as vécu une journée folle !
Je n'ai pas de mots pour décrire cette journée. La voiture d'un directeur sportif a failli me rentrer dedans en remontant le peloton. J'ai failli me faire rouler dessus. J'étais un peu fâché. J'avais des jambes de folie. Je n'ai jamais eu mal aux cannes jusque dans la dernière bosse. J'avais dit le matin que ça me tenait vraiment à coeur d'essayer de faire quelque chose. J'aurais signé pour finir 5e. Ce vélo, ce n'était pas un vélo de l'équipe, c'était mon vélo personnel, c'était mon bijou. C'était le vélo qu'avait Gino Mäder l'an passé et qu'il m'a revendu. Le seul point positif, c'est que j'ai pu tomber après la ligne. Je n'ai rien de mal.

« SIGNER EN JUIN VAUT LES QUELQUES MILLIERS D'EUROS EN PLUS QUE J'AURAIS EU EN WORLDTOUR »

Quel va être ton programme d'ici la fin de saison ?
Cette semaine, je serai au Tour de Toscane et à la Coppa Sabatini. Ensuite, je terminerai la saison en Belgique avec le Tour de l'Eurométrople, la DH Famenne Ardenesse Classic et Binche-Chimay-Binche. J'ai envie de montrer que je suis en forme car je suis déçu de ne pas faire partie de la sélection suisse pour le Championnat du Monde. Ça me tient à coeur de leur montrer qu'ils ont peut-être fait une erreur en me laissant remplaçant.

L'an prochain, tu rejoindras Androni Giocattoli-Sidermec (lire ici)...
Je pense qu'ils me suivaient depuis un petit moment déjà. J'avais brillé aussi au Tour de Romandie. Au lendemain de ma victoire au Tour de la Mirabelle où Androni était présente, mon téléphone a sonné. J'ai vraiment respecté le fait que l'on vienne me chercher et que le projet corresponde vraiment à ce que je recherchais. J'avais des contacts en WorldTour. J'ai préféré rester à un niveau où je peux faire du vélo-plaisir en étant compétitif, sans avoir à me mettre trop de pression. Évoluer dans une Continental Pro où chaque coureur peut tirer son épingle du jeu à un moment donné de la saison, c'est vraiment bien. J'ai 26 ans, c'est rare une équipe qui te propose deux ans de contrat dès le mois de juin. Le fait de signer si tôt était également un point intéressant qui valait les quelques milliers d'euros de plus que j'aurais peut-être pu gagner dans une formation WorldTour. J'ai vraiment choisi une équipe où j'espère me sentir bien et produire un cyclisme agressif comme je l'aime.


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