En Belgique, elles marquent l'histoire du cyclisme pakistanais

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Evénement sur le Championnat du Monde Elites Femmes de contre-la-montre ce lundi. Pour la première fois, deux Pakistanaises figuraient au départ, Asma Jan (45 ans) - photo du haut - et Kanza Malik (34 ans). Elles ont terminé aux deux dernières places mais peu importe le résultat (voir classement). "C'était le moment le plus incroyable de ma vie", assure Asma Jan à DirectVelo. Sa compatriote Kanza Malik va même plus loin. "J'ai cru que j'allais avoir une attaque en m'élançant. C'était tellement dingue de voir tout ce monde. Être ici est déjà un tel pas en avant pour le cyclisme pakistanais".

ÊTRE AUX JEUX OLYMPIQUES DE PARIS EN 2024

Les deux sportives, qui évoluent dans la structure Bikestan Cycling Academy, peuvent compter sur le soutien de partenaires privés, comme la chaîne de restauration rapide McDonald's. "Ça nous a permis d'avoir du matériel de qualité. Ce qui est nécessaire pour faire du cyclisme de compétition." Elles sont également ravies de l'aide reçue en Belgique. "Depuis que nous sommes arrivées ici, nous sommes bien suivies. Nous logeons dans un bel hôtel à Knokke. Pour nous, c'est la découverte. Les gens nous aident à trouver notre chemin. Ils ont également mis un atelier à notre disposition pour nos vélos". Asma Jan et Kanza Malik ne sont pas venues toutes seules puisque Shoaib Nizami accompagne l'équipe en tant qu'entraîneur et manager tandis que le président de la Fédération pakistanaise de cyclisme, Azhar Ali Shah, doit assister au congrès de l'instance dirigeante du cyclisme mondial (UCI) qui aura lieu le vendredi 24 septembre.

Fait symbolique, Kanza Malik s'élançait une minute trente après la future Championne du Monde Ellen van Dijk. "Heureusement, sinon elle m'aurait vite rattrapée. C'est incroyable d'être dans la même zone que ces légendes. Par contre, pas moyen de leur glisser un mot avant le départ. Elles sont tellement dans leur bulle", constate-t-elle. La prochaine étape pour le Pakistan sera de prendre place dans un peloton sur une course en ligne du prochain Championnat du Monde à Wollongong en Australie. "Nous allons participer aux Championnats d'Asie ou d'Océanie pour obtenir des points UCI. Nous voulons maintenant être présents à chaque Championnat. Le but ultime est d'avoir une fille qualifiée pour les Jeux Olympiques de 2024 à Paris. Nous y serons, j'en suis sûre", affirme Asma Jan.

UN PETIT SELFIE AVEC REMCO EVENEPOEL EN GUISE DE SOUVENIR

Elles croient au développement du cyclisme dans un pays où le cricket est le sport numéro un. "Le cyclisme s'est développé grâce à la pandémie du coronavirus. Il y a du potentiel. Ce qu'il faut, c'est faire connaitre ce sport dans notre pays. Nous devons être les précurseurs de notre sport. Ça commence maintenant grâce entre autres à l'attention médiatique que nous recevons cette semaine. Nous voulons changer la perception des gens de notre pays. Le Pakistan est souvent associé à un désert mais ce n'est pas vrai, c'est un pays vert avec une grande variété de paysages. Venez faire un tour chez nous, il y aurait de beaux terrains pour faire une course". Pour Asma Jan, c'est aussi l'occasion de marcher sur les traces familiales. "Quand j'ai commencé le vélo, j'ai réalisé que j'aurais dû en faire toute ma vie. Mon grand-père Mehta Abdul Khalique avait un bon niveau. Vers la fin des années 30, il a même été sélectionné pour participer aux Jeux Olympiques". Dans la vie active, Kanza Malik est ingénieure biomédicale. "Je bosse de 9 à 17h. J'avais besoin d'une activité physique. J'ai commencé le vélo pour le plaisir et pour ma santé. J'ai vite progressé. J'ai pris part à des petites compétitions locales et ensuite nationales. Ça m'a pris trois ans pour y arriver." Cette expérience au Mondial lui donne envie de se consacrer davantage au cyclisme. "Je vais un peu changer l'ordre de mes priorités. Je serai moins axée sur le travail. Je veux dégager plus de temps pour m'entraîner, sans délaisser la famille et mes enfants." La magie du Mondial est maintenant derrière elles. Toutefois, avant de rentrer au pays, Kanza Malik n'a pas oublié d'en profiter. "J'ai quand même pris un selfie avec Remco Evenepoel. Je ne pouvais quand même pas passer à côté de la future star du cyclisme belge".


 

 

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