Juliette Labous : « Ce n'était pas un jour exceptionnel »
Juliette Labous s'en tire avec un Top 10 lors du Championnat du Monde du contre-la-montre (voir classement), mais bien loin de ses espérances. Surtout après avoir pris la 5e place l'an dernier, à Glasgow, mais aussi la 4e aux Jeux Olympiques. La future coureuse de la FDJ-Suez a subi la loterie de la forme du Jour-J, qui n'était pas optimale ce dimanche. La Franc-Comtoise est revenue avec DirectVelo sur sa performance du jour, qu'elle juge décevante, mais il lui reste encore deux belles opportunités de briller à Zurich dans les prochains jours.
DirectVelo : Quel est ton sentiment après ce Top 10 ?
Juliette Labous : Je suis déçue. Je n’étais vraiment pas bien sur ce chrono, j’ai senti dès le début que je n’avais pas la grosse forme, mais parfois il faut se dire que ça peut aller mieux. J’espérais que ça se débloque dans la première montée mais finalement ce n’était pas un jour exceptionnel. Mentalement, c'était assez compliqué. Quand on n'est pas bien, c’est long, c’est dur. Paul Brousse m’a prévenue que Demi Vollering allait me doubler donc ça m’a reboostée. Ce n’était pas facile car je ne voulais pas prendre de pénalité, j’allais à l’opposé d’elle pour être sûre. Je me suis dit qu’elle faisait un gros temps, qu’elle jouait le titre donc ça m’a boostée. Parfois, même avec deux minutes de retard sur la vainqueure, on peut être dans le Top 5 donc je me suis accrochée pour tout donner. C’est une vraie déception, je n’étais vraiment pas bien.
Pourtant, tu avais l'air d'être à l'aise sur ce parcours...
Je me suis sentie vraiment bien hier, mais la forme est de moins en moins prédictible en fin de saison. Pour un chrono, il faut forcément avoir les jambes peu importe le parcours. Toutes les filles qui sont fortes en chrono apprécient quand ça monte donc que ce soit plat ou non, je savais que ça allait être les mêmes filles devant. Il fallait avoir des bonnes jambes et je n’en avais pas.
Est-ce difficile à encaisser après ta performance l'an passé ?
Je visais mieux que l’an passé (elle avait terminé 5e, NDLR), c’est sûr. Mais comme je dis toujours, on peut rapidement se retrouver de 3e à 15e car le niveau est vraiment homogène, il faut vraiment être à 100%. Si on n'a pas de bonnes jambes, la médaille file loin...
« JE SENS QUE C'EST LA FIN DE SAISON »
As-tu eu le temps de travailler le chrono ces dernières semaines ?
J’ai eu le temps de rouler sur le vélo de chrono depuis le Tour de Romandie, oui. Dès que je fais des sorties longues à l'entraînement, je fais un peu de chrono. Mais ce n’est pas une science parfaite et le corps n’est pas aussi fort qu’on le voudrait.
Ressens-tu une usure en cette fin de saison ?
Mentalement, ça va bien mais après le Tour, après le Covid, ça a été dur de m’en remettre. J’ai retrouvé de bonnes sensations à l'entraînement avant le Tour de Romandie, j’étais super bien. J’ai fait un Tour de Romandie plutôt correct mais je sens que c’est la fin de saison, que c’est dur d’être à 100%.
Il y a encore de belles choses à faire malgré tout !
Ça me rappelle un peu Wollongong, où j’avais fait un chrono vraiment pas top puis j’étais vraiment super bien sur le relais mixte. J’espère que ce sera le cas ici aussi car j’ai vraiment envie de donner le meilleur de moi-même avec les filles, il y a quelque chose de beau à aller chercher mercredi. Je pense qu’on est attendu. Les Suisses ont aligné une moins bonne équipe, Marlen Reusser n’est pas là. Les Australiens vont être très forts, les Italiens sont favoris et nous, on est en embuscade. Ça va être un bon match.
« LES AUTRES NATIONS DOIVENT AVOIR PEUR DE PAULINE FERRAND-PRÉVOT »
Tu te projettes déjà sur la course en ligne ?
J’ai un peu la route en tête. Il ne faut pas que je juge avec les sensations du jour, je sais que ça peut vite revenir. La semaine dernière je n’étais pas super mais j’étais bien au Tour de Romandie. Les jambes ne sont pas loin, si elles reviennent au bon moment, il y aura de quoi faire. On a une super belle équipe, il y a aussi de belles choses à aller chercher.
Qu'est-ce que peut changer le retour de Pauline Ferrand-Prévot sur la route et chez les Bleues ?
C’est bien. Je suis contente que Pauline revienne sur la route, c’est bien pour le cyclisme féminin français. La grosse interrogation est de savoir comment elle va être sur la route. J’ai déjà fait une sélection au Mondial en 2017 avec elle, j’ai pas mal grandi depuis, j’ai pris de l’expérience. Ça va nous faire une belle carte de plus à jouer, ça met un peu moins de pression sur moi car les gens se focalisent sur Pauline. Il n’y a pas de changement dans les rôles de chacune, Paul (Brousse) a vraiment bien amené la chose dès qu’ils l’ont sélectionnée. C’est à notre avantage. Les autres nations doivent en avoir peur.