FDJ : De la stabilité et une formule « gagnant-gagnant »
Mi-novembre, la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope annonçait la prolongation des contrats de deux de ses grands espoirs tricolores, Marie Le Net et Évita Muzic, jusqu’en 2023. Voilà donc la pistarde et la grimpeuse liées à la structure WorldTour pour les trois prochaines saisons. Situation identique pour la Championne de France Élites sur route 2019, Jade Wiel, elle aussi assurée de continuer l’aventure encore, au moins, 36 mois supplémentaires. “Nous avons une bonne visibilité avec nos sponsors et une licence WorldTour qui nous permet de nous engager avec sérénité sur les trois prochaines saisons. Nous faisons le pari d’investir sur les jeunes via des contrats longue durée, afin qu’elles soient sereines. Il ne faut pas qu’elles soient sous pression tous les ans à se demander si elles seront gardées la saison suivante. C’est gagnant-gagnant. On veut se faire confiance et conserver une évolution positive”, synthétise le manager général de l’équipe, Stephen Delcourt, pour DirectVelo.
Neuf filles de l’équipe sont d’ores-et-déjà certaines de continuer au moins jusqu’à fin 2022, dont la chef de file Cecilie Uttrup Ludwig, qui a récemment resigné pour deux ans. Un véritable gage de stabilité pour une formation qui n’a vu qu’un départ - l'Australienne Shara Marche - et une arrivée - l'Italienne Marta Cavalli - durant l’actuelle trêve hivernale. “On ne change pas beaucoup l’effectif car on a besoin de cette stabilité. Les autres années, on recrutait comme on le pouvait. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. J’ai reçu 150 CV parmi lesquels certains de filles qui font partie des meilleures mondiales. On peut prétendre à construire un effectif totalement à notre image désormais. Avec notre statut WorldTour, on a les clefs en main. Un groupe est né, avec une véritable identité FDJ. On a notre propre culture et une vision à long terme avec des sponsors solides. Quand on voit l’évolution d’Évita Muzic en trois ans, qui n’a que 21 ans et qui a encore resigné pour trois ans… On peut se dire qu’on est encore parti pour une belle histoire”, ajoute celui qui tient à permettre à ses coureuses d’être dans les meilleures conditions possibles pour performer. “Avant d’être des cyclistes, ce sont des femmes qui ont une vie à côté et qui savent qu’en étant salariées, elles n’ont pas à se poser trop de questions. On veut des femmes épanouies, qui ont le droit de se lancer dans des projets personnels comme l’achat d’un appartement. La stabilité permet de bien et mieux travailler”.
JEUNE FEMME ÉPANOUIE, CYCLISTE PERFORMANTE
Les premières concernées vont dans le sens de leur manager et se disent ravies de cette situation de confiance réciproque. “C’est beaucoup de sérénité, ça permet de travailler et de progresser sur le long terme, surtout pour des jeunes comme moi. On peut faire le travail sans forcément se soucier des résultats. On nous demande d’arriver au plus haut niveau dans quelques années, ce qui nous laisse du temps et prouve aussi que l’on croit en nous”, résume Évita Muzic. Même satisfaction pour Marie Le Net : “ça me permet tout simplement de vivre tout en poursuivant mes études en parallèle. J’ai plein d’ami(e)s qui sont dépendants de leurs parents ou de différentes aides. De mon côté, je peux être plus dépendante aujourd’hui. Et plus sereine. Je n’ai pas besoin de me demander comment je vais finir le mois ou me payer mes études. Si je devais avoir un boulot à côté, comme beaucoup de cyclistes féminines il y a encore quelques années, je ne m’en sortirais pas”.
Outre la poursuite de ses études, la Bretonne mène toujours un double projet sur le vélo : route et piste. Celui-ci devait prendre fin en 2020 à la suite des Jeux Olympiques de Tokyo. Mais la Covid-19 a tout décalé d’un an. “Le plan initial était d’avoir une saison 2020 tournée vers la piste, jusqu’aux Jeux Olympiques, avant de basculer totalement sur la route à partir de 2021. C’est la raison pour laquelle j’avais signé jusqu’à fin 2021 pour avoir le temps de faire potentiellement mes preuves sur la route pendant toute une année, en aidant l’équipe au mieux et en montrant ce que je vaux. Ce projet est décalé d’une année. Ils me font confiance et je les remercie pour ça”. Cette confiance de Stephen Delcourt envers Marie Le Net ne date pas d’hier. Et cette dernière s’en souvient. “À ma sortie des rangs Juniors, j’avais démarché plusieurs équipes mais aucune autre n’acceptait ce double projet. Stephen est le seul qui a cru en moi. Il a ce côté très humain, il pense à chacune des filles de son équipe, à leurs ambitions, leurs rêves. Il essaie de nous comprendre. Pour les autres, faire de la piste était un frein. On ne me demandait pas explicitement d’arrêter la piste mais ça leur faisait peur… C’est sans doute la chance de ma vie de disputer les Jeux et à la FDJ, on l’a compris. C’est gagnant-gagnant car par la suite, je serai sans doute encore plus forte sur la route et je me sentirai redevable”.
LE TOUR DE FRANCE DÉJÀ DANS TOUS LES ESPRITS
Évita Muzic a rejoint la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope il y a déjà trois saisons, alors même qu’elle n’avait que 18 ans. Elle n’est donc désormais - au moins - qu’à mi-chemin de son aventure avec l’équipe puisqu’elle y passera au minimum six saisons, au total. L’occasion de grandir encore et toujours ces trois prochaines années, sans véritable pression. “Je peux progresser auprès de Cecilie (Uttrup Ludwig) et avoir ma carte à jouer de temps en temps, comme cette année au Giro. Pour l’instant, je suis loin d’être parmi les meilleures mondiales (rires). On a une leader de poids dans l’équipe en la personne de Cecilie. Je veux l’accompagner encore plus loin dans les courses l’année prochaine”.
La Franc-Comtoise l’admet volontiers : elle n’était sans doute pas prête, à moyen terme, pour partir à l’étranger, comme l’ont fait notamment Aude Biannic, Audrey Cordon-Ragot ou Juliette Labous. “J’avais un peu peur, notamment de la barrière de la langue même si j’ai progressé. La FDJ m’a fait confiance dès ma sortie des rangs Juniors. Je veux atteindre mon meilleur niveau avec cette équipe. C’est une superbe occasion de continuer ma progression dans la durée”. Avec, en ligne de mire, pour les filles comme pour leur manager général, la réapparition d’un Tour de France féminin au calendrier en 2022. “C’est un vrai objectif. Depuis que je suis toute petite, mon gros objectif était d’être Championne de France. Maintenant que ce rêve s’est réalisé, il faut trouver de plus grands objectifs ! Briller sur le Tour de France serait aussi un rêve ! J’imagine la ferveur du public dans les cols, comme chez les hommes. Dans deux ans, au moment de ce premier Tour de France, j’aurai peut-être atteint un autre niveau encore, je l’espère !”, conclut Évita Muzic, laquelle peut déjà se projeter sur les futurs Tour de France 2022 et 2023 sous les couleurs de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope, grâce à son contrat de confiance.