En Auvergne-Rhône-Alpes, la course avant les courses
Les clubs engagés sur les épreuves 1-2-3 d’Auvergne-Rhône-Alpes ont reçu cette semaine plusieurs mails. Le comité dirigé par Christelle Reille fait face à un nombre trop important d’engagés sur les courses du mois d’août. “Les six premières épreuves prévues pour les 1ère Catégorie sont complètes”, dit-elle. Surfant sur la règle validée par la FFC limitant les engagés à dix coureurs par club - douze pour le club organisateur (lire ici) -, la présidente a donc demandé aux clubs d’enlever des inscrits. “J’ai fait des stats”. Elle a notamment demandé à un club de N3 de retirer onze garçons à Cormoz (Ain), l’épreuve dépassant largement la barre des 200 engagés, soit le maximum possible.
DU STRESS DANS LES CLUBS
Comment expliquer une telle situation ? Privés de compétition pendant près de cinq mois, les coureurs ont forcément faim de courses. Le comité Auvergne-Rhône-Alpes s’attendait à voir les clubs se jeter sur les inscriptions pour le Grand Prix du Cru Fleurie (Rhône), qui fera office de reprise le 1er août, mais n’avait pas prévu que le phénomène se propagerait aux épreuves ultérieures. “Je fais mon mea-culpa, confie à DirectVelo Christelle Reille. Après le Cru Fleurie, je pensais que les coureurs Élites allaient partir sur des Classe 2, des manches de Coupe de France, des Élites Nationales, à l’international… Si j’avais imaginé que le fait d’ouvrir les engagements de nos épreuves régionales allait générer un tel stress dans les clubs, j’aurais régulé en amont. Sincèrement, on s’est fait déborder. C’est très frustrant”.
Le calendrier national n’est pas encore sorti et c’est une des données qu’il manque à la présidente régionale. “Je veux faire une réunion avec les clubs de Nationales pour nous assurer de l’activité de leurs coureurs, identifier avec eux les trous du calendrier. Leurs coureurs doivent pouvoir courir en continu jusqu’à fin octobre”.
Toutes les courses d’août sont donc pleines en Auvergne-Rhône-Alpes. Elles seront limitées à 120 coureurs au Cru Fleurie, 80 à Montrevel-en-Bresse, 200 à Cormoz, 120 à Autrans, 130 à Saint-Amour et 100 au Circuit des Champions d’Aubières. Prévu le 6 septembre, le Tour du Pays de Gex compte déjà 156 inscrits. Plus d’un mois avant la reprise des compétitions, les directeurs sportifs se sont livrés à une véritable bataille informatique. “Il manque aux comités régionaux des outils informatiques, comme les listes d’attente sur la plateforme d’engagement, le paramétrage des douze pour l’organisateur, la fonction de désengagement... Je me suis débrouillée, mais j’y ai passé des heures, rapporte Christelle Reille. Il y a eu énormément de pression dans les clubs pour réussir à engager leurs dix coureurs. À partir du moment où j’ai demandé à certains clubs d’enlever des coureurs, d’autres ont pu faire des engagements qu’ils n’avaient pas pu effectuer. Il y a des managers qui m’ont dit être connectés en permanence sur la plateforme d’engagement depuis mardi. Ce n’est pas un métier ! Un manager d’un club National n’a pas à passer sa vie sur un ordinateur pour engager ses coureurs”.
COMME LES AGRICULTEURS LOCAUX
Dans les autres comités, plusieurs épreuves font le plein mais beaucoup de courses du mois d’août ont encore - un peu - de place. En Auvergne-Rhône-Alpes, il y a abondance de biens. Le comité compte onze des 65 clubs de Nationales, dont six en N1 et deux en N2. Et des clubs des comités voisins, comme la Bourgogne-Franche-Comté et Sud PACA, ont prévu de faire le déplacement. Toutes ces structures ont dû revoir leur programme.
En août, le calendrier national a perdu des épreuves comme le Prix Marcel Bergereau, l’Estivale Bretonne, Montpinchon Espoirs, le Circuit des Deux Provinces au Pertre, le Prix de Bavay, le GP des Marbriers (1.2) et le Tour du Chablais. Le nombre de courses est donc limité dans un contexte compliqué. Pour les organisateurs d’août, faire le plein est une nouveauté. En temps normal, les coureurs tirent la langue à ce moment-là de la saison. “Les organisateurs régionaux du mois d’août sont comme les agriculteurs locaux, compare Christelle Reille. Tout le monde est content de les trouver en temps de crise, alors que d’habitude, ils sont un peu snobés… Sur certaines de ces courses, il y a 40 coureurs en temps normal. J’espère que les équipes se souviendront que cette année, des organisateurs auront augmenté leur capacité d’accueil notamment avec les secours et les bénévoles… Ils se sont décarcassés pour pouvoir accueillir autant de coureurs”.