Thalita De Jong : « Je dois en profiter »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Les Néerlandais aiment l’Ardèche. Nombreux sont les habitants du plat pays à venir en vacances dans ce département du sud-est de la France chaque année en été. Alors, cet après-midi, Thalita De Jong n’a pas été dépaysée et s’est presque sentie comme à la maison pour la première étape du Tour féminin de l’Ardèche (2.1), où elle a pu compter plusieurs fois sur les encouragements de compatriotes le long de la route. Très régulière depuis le début de saison - elle a enchaîné les bonnes performances sur pratiquement la totalité des épreuves qu’elle a disputées en 2024 (voir sa fiche DirectVelo) -, la leader de la formation Lotto-Dstny attendait toujours son premier succès. Et elle comptait sur cette épreuve au plateau hétérogène pour lever enfin les bras cette année. “Je n’ai pas de pression mais l’objectif est une victoire d’étape. Je veux profiter de cette semaine ici pour enfin gagner”, déclarait-elle pour DirectVelo avant le grand départ de la compétition, ce mardi midi. Mission accomplie à peine quatre heures plus tard, dès la première journée de course sur le pont de Beauchastel, arrivée d’étape traditionnelle sur le TCFIA. Entretien.

DirectVelo : Voilà enfin la victoire que tu attendais tant !
Thalita De Jong : Oui, c’est génial ! J’y suis allée à fond dans la dernière ligne droite, sur le pont. J’étais confiante dans les derniers kilomètres car je me sentais bien. Dans la voiture, mon directeur sportif m’a donné l’information qu’il n’y avait pas vraiment de filles rapides dans notre groupe de tête mais dans le fond, on ne peut jamais être sûre à 100%. Je ne connaissais pas toutes les filles. Finalement, j’ai lancé le sprint et j’ai fait le trou. Il n’y a pas eu besoin de photo-finish. J’ai eu le temps de célébrer cette première victoire de l’année. Je l’attendais depuis si longtemps…

Cette étape inaugurale a été un véritable chantier avec des filles éparpillées de partout sur la route au bout de vingt kilomètres à peine et un groupe d’une dizaine de favorites qui s’est vite isolé. T’attendais-tu à un tel scénario ?
Non, j’ai été surprise que l’on ne soit déjà plus qu’une quinzaine dans la première montée. Pourtant, on n’a pas grimpé si vite que ça… Puis il y a eu une descente technique et quelques filles sont rentrées de l’arrière. Les FDJ et les EF ont un temps été en surnombre alors c’était à elles de faire le boulot. Puis dans le deuxième GPM, ça a écrémé encore plus et on n’était plus qu’une dizaine. Léa Curinier a été distancée, ça m‘a surprise parce que c’est une bonne grimpeuse et c’était la dernière représentante de la FDJ. J’ai entendu dans l’oreillette que ça roulait derrière, mais qu’elles ne se rapprochaient pas. On a bien roulé devant parce qu’il y avait une belle opportunité pour la victoire d’étape et le général.

« JE NE ME METS PAS LA PRESSION »

Quelle était ta priorité dans le final : jouer l’étape ou prendre un maximum de temps sur les filles piégées au général ?
C’était clairement l’étape car j’avais cette grosse envie de gagner, enfin. J’ai quand même relancé le groupe plusieurs fois quand ça ne voulait plus trop rouler, notamment dans la dernière montée de l’étape. Il aurait été dommage que l’on laisse revenir dans le jeu des filles piégées. Maintenant, j’ai cette victoire d’étape et je me retrouve avec le maillot de leader (voir classements). Forcément, j’ai envie de le défendre et je suis aussi intéressée par le classement général.

Avant l’étape, tu nous expliquais ne pas te considérer comme la favorite. Et maintenant ?
Il y a encore plusieurs coureuses qui peuvent l’emporter. Je ne me mets pas la pression. Je sais que ça va être dur ces prochains jours. L’objectif sera de garder le maillot mais on a vu que les Arkéa ont une très grosse équipe. Je me sens très forte mais il faudra aussi que les filles de l’équipe puissent m’aider. Malheureusement, même si ça me fait mal de le dire, elles n’ont pas forcément le niveau pour jouer les premiers rôles ici, notamment dans les cols. La marche est peut-être trop haute pour elles mais j’espère qu’elles pourront m’aider malgré tout (la meilleure de ses coéquipières, Quinty van de Guchte, a terminé 46e à 10’56” ce mardi, NDLR).

Depuis le début de saison, tu cumules 36 Top 10 : c’est énorme !
Je suis dans une forme constante toute la saison, les résultats sont bons, c’est vrai. J’ai senti l’hiver dernier que j’avais bien travaillé mais de là à faire une telle saison… Le niveau est tellement haut qu’il est toujours difficile de savoir où l’on va se situer par rapport aux meilleures. Je me sentais forte dès les premières courses mais de là à espérer être aussi régulière…

« BONNE PARTOUT MAIS SPÉCIALISTE DE RIEN »

Tu as récemment terminé 10e du Tour de France, preuve des progrès effectués ces dernières années !
C’était super dur, le niveau était super élevé. Mais je pense que cette semaine sur le Tour de France m’a rendue encore plus forte. Alors, à un niveau moindre comme ici cette semaine, je dois en profiter pour concrétiser.

Tu brilles à la fois sur les Classiques et les grosses courses par étapes. Que préfères-tu ?
Je ne me concentre pas spécifiquement sur un type de course. Je me surprends un peu en étant une coureuse polyvalente. C’est parfois difficile, paradoxalement, de savoir grimper, sprinter, être à l’aise sur les Classiques… Au final, je suis bonne partout mais spécialiste de rien. Et c’est peut-être ce qui m’empêche de gagner au plus haut niveau mondial. Mais c’est quand même plaisant d’être très souvent devant.

Tu vas avoir 31 ans à la fin de l’automne et tu sembles plus forte que jamais. Te projettes-tu à long terme, avec de grandes ambitions ?
On ne sait jamais. J’espère pouvoir continuer encore cinq ans ou quelque chose comme ça. Cela dépendra de pas mal de choses que je ne maitrise pas à l’instant-T. Il y a des filles qui performent très fort à 40 ans. Tant que la santé et la motivation seront là, je continuerai le plus longtemps possible.

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